Liste M12 - Sicules (- 550 / - 380)
Les Sicules (en latin Siculi) ou
Sikèles (en grec ancien hoi Sikeloí) sont un ancien peuple de la Sicile auquel l'île doit notamment
son nom. Probablement d'origine indo-européenne, les Sicules vivaient sur l'île conjointement aux
Sicanes et aux Élymes, bien qu'ils s'y soient installés après eux.
La mention la plus ancienne des Sikèles remonte à l'Odyssée : à Ithaque, une vieille
Sicule s'occupe du père d'Ulysse. Les Sicules entrent réellement dans l'histoire au Ve siècle
avant notre ère avec Hérodote, qui mentionne qu'au moment de la défaite grecque contre les
Mèdes « les Zancléens de Sicile invitèrent les Ioniens à se rendre à Calacté,
où ils avaient dessein de bâtir une ville ionienne. Ce lieu appartient aux Sicules, et se trouve dans
la partie de la Sicile qui regarde la Tyrrhénie. » Des habitants de Samos se rendent à cette
invitation. À la même époque, Denys le Phocéen rejoint la Sicile où il vit de
piratage. L'historien Thucydide relate ainsi leur origine :
« Des Sicules, primitivement installés en Italie, passèrent en Sicile pour fuir les Opiques.
On dit, non sans vraisemblance, qu’ils franchirent le détroit sur des radeaux, en profitant d'un vent favorable.
Peut-être employèrent-ils un autre moyen. Aujourd'hui encore, il se trouve en Italie des Sicules.
Ce pays a pris son nom d'un roi Sicule, nommé Italos. Arrivés en Sicile avec des forces considérables,
ils bataillèrent contre les Sicanes, les défirent et les repoussèrent vers le sud et l'ouest
de l'île. Celle-ci changeant de nom cessa de s'appeler Sikanie et devint la Sicile. Ils en occupèrent
les parties les plus fertiles ; leur arrivée eut lieu environ 300 ans avant la venue des Grecs. Actuellement
encore, ils habitent le centre et le nord de l'île. Des Phéniciens avaient également créé
des établissements sur tout le pourtour de la Sicile ; ils s'étaient emparés des hauteurs
dominant la mer et des îles voisines de la côte, pour faciliter leur commerce avec les Sicules. Mais
après l'arrivée en nombre des Grecs en Sicile, ils évacuèrent la plupart de ces établissements
et se concentrèrent à Motyè, à Soloïs et à Panormos, au voisinage des Elymes.
Ainsi ils pouvaient s'appuyer sur l'alliance des Elymes et ils se trouvaient au point de la Sicile le plus rapproché
de Carthage. »
Thucydide date donc l'arrivée des Sicules en Sicile au début du XIe siècle, alors que
pour d'autres, comme Hellanicos et Philistos de Syracuse, cette migration remonte à près de deux
siècles plus tôt. Par ailleurs, Thucydide attribue une origine ibérique aux Sicanes, et troyenne
aux Élymes. Lors de l'expédition de Sicile menée par Athènes en -415, les Sicules se
rangent aux côtés d'Athènes.
Les Sicules sont mentionnés par Théophraste sur le continent, à Thurioi, en pays sybarite,
dans l'actuelle Basilicate, dans l'aire de développement de la culture de Villanova : ils étaient
donc culturellement proches des peuples falisque et latin et parlaient probablement une langue italique. À
ce titre, Thucydide mentionne que « Le nom primitif de Zanklè lui avait été donné
par les Sicules, parce que l'emplacement de la ville a la forme d'une faux et que le nom de la faux en parler sicule
est zanklon. » Pline l'Ancien le mentionne comme peuple ayant occupé le Latium. Selon le même
auteur, ils ont également été présent dans le sud de l'Italie. Il leur attribue la
fondation de Numana et d'Ancône et explique leur migration vers le sud. D'après lui : « Les
Sicules et les Libumes ont habité une grande partie de cette contrée, particulièrement les
districts de Palma, de Praetutia et d'Adria. Ils furent chassés par les Ombriens, ceux-ci par les Étrusques,
les Étrusques par les Gaulois. »
Dans la moitié orientale de l'île, les Sicules se mêlent aux peuples autochtones. Au nord et
au centre de cette zone (comme sur l'emplacement de la future colonie grecque de Léontinoi, assimilé
par Pierre Lévêque à la cité de Xouthia, fondée par Xouthos, descendant de Liparos),
la civilisation est proche de celle des Apennins, alors que la civilisation sicule du sud-est, dite de Pantalica,
est plus marquée par les populations locales plus anciennes et les influences de la Méditerranée
orientale (d'abord mycéniennes, entre 1250 et 1000, puis phéniciennes de 1000 à 850, et grecques
entre 850 et 730.
Au milieu du 5ème siècle avant notre ère, un dirigeant Sicule, Ducetius, put organiser
un État Sicule pour s'opposer à Syracuse. Doukétios, Duketios, Ducétios ou encore Ducétius,
hégémon des Sicèles (Sicules) en Sicile , mort en 440 av. J.-C.. Il réunit en une seule
fédération toutes les cités sicèles, sauf une. La fédération sicèle,
hellénisée, frappe monnaie et dispose d’une armée fédérale.
En 461 av. J.-C., après avoir fait l’unité de son peuple, il s’attaque aux nouveaux habitants de
Catane-Aetna, qui, envoyés quelques années plus tôt par Hiéron, avaient confisqué
des territoires sicèles. Doukétios, uni aux Syracusains, est victorieux, et les colons d’Hiéron
vont s’installer à Inessa, qu’ils rebaptisent Aetna. Les anciens habitants de Catane se réinstallent
et les Sicèles reprennent leurs terres.
En 459 av. J.-C., il fonde la cité de Menainon (Menaenum) en distribuant la terre entre les citoyens, et
s’empare de la cité sicèle de Morgantina.
En 453 av. J.-C., il fonde et fortifie Palikè, à proximité du sanctuaire des Palikoi. Il en
fait la capitale du koinon des Sicules, qu'il a réussi à constituer.
Après avoir obligé Inessa-Aetna à se soumettre, Doukétios s’attaque à Motyon,
cité sicane protégée par Agrigente (451 av. J.-C.). Agrigente et Syracuse, inquiètes,
envoient des troupes qui se font battre. L’année suivante, il est sévèrement battu à
Nomae par la coalition des deux villes. Les survivants de son armée se dispersent dans les diverses cités
sicèles et Doukétios reste seul avec une poignée de fidèles. Agrigente reprend Motyon
et Doukétios se réfugie à Syracuse, où il est jugé par une assemblée
modérée. Il est exilé à Corinthe, ville fondatrice de Syracuse, à la condition
de ne plus retourner en Sicile.
Les Sicules étaient présents au siège athénien de Syracuse, après s'être
révoltés contre la domination de Syracuse. Les guerriers Sicules combattaient vraisemblablement dans
un style similaire aux tribus montagnardes d'Italie. Comme ils ont aussi été influencés parla
culture grecque, certains peuvent avoir combattu en tant que hoplites.
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