Armée R07 Angleterre 1558-1603
Élisabeth Ire, née le 7 septembre
1533 au palais de Placentia à Londres et morte le 24 mars 1603 au palais de Richmond à Londres, fut
reine d'Angleterre et d'Irlande de 1558 à sa mort.
Élisabeth était la fille du roi Henri VIII d'Angleterre, et le cinquième et dernier membre
de la dynastie des Tudor sur le trône anglais. Élisabeth Ire s'entoura d'un groupe de conseillers
de confiance mené par William Cecil pour définir sa politique. Comme reine, l'une de ses premières
décisions fut de restaurer l'autorité de l'Église protestante anglaise aux dépens de
l’Église catholique promue par sa demi-sœur Marie, comme seule religion d'État, et devint le gouverneur
suprême de l'Église anglicane. Ce Règlement élisabéthain évolua par la
suite pour devenir l'Église d'Angleterre.
Elle était politiquement plus modérée que l'avaient été son père, son
demi-frère et sa demi-sœur ; l'une de ses devises était video et taceo (littéralement «
je vois et je me tais »). Élisabeth Ire était relativement tolérante sur le plan religieux
et n'engagea pas de persécutions. En 1570, le pape l'excommunia et encouragea les sujets catholiques d'Élisabeth
à ne plus lui obéir. La reine, qui échappa à plusieurs complots, adopta une diplomatie
prudente et ménagea les grandes puissances européennes qu'étaient la France et l'Espagne.
Elle ne soutint qu'à contrecœur plusieurs campagnes militaires dans les Pays-Bas, en France et en Irlande
qui échouèrent en grande partie du fait de manque de ressources. Pendant son règne éclata
la guerre anglo-espagnole qui vit l'Armada espagnole (Invincible Armada) tenter d'envahir le royaume d'Angleterre
en 1588. Après les brefs règnes de ses demi-frère et demi-sœur, ses 44 années sur le
trône ont apporté une stabilité bienvenue au royaume et aidé à forger une identité
nationale.
En octobre 1562, les troupes anglaises occupèrent Le Havre avec l'intention de l'échanger contre
Calais qui était tombé aux mains des Français en janvier 1558. Le plan échoua, car
les alliés huguenots d'Élisabeth Ire rejoignirent les troupes catholiques pour reprendre la ville,
et les Anglais durent se replier en juin 1563. Après cette attaque, Élisabeth Ire n'entreprit pas
d'autres expéditions militaires sur le continent jusqu'en 1585. Elle mena néanmoins une politique
agressive par l'intermédiaire de sa flotte et de ses « chiens de mer » comme John Hawkins ou
Walter Raleigh qui s'attaquèrent au commerce espagnol dans les Caraïbes et l'Atlantique. Elle adouba
ainsi le corsaire Francis Drake après sa circumnavigation du monde entre 1577 et 1580, et ce dernier s'illustra
par la suite lors de ses assauts contre les ports et les navires espagnols (spécialement dans le Nouveau
Monde, d'où les galions espagnols revenaient chargés d'or et de métal d'argent).
En 1585, Élisabeth Ire déploya une armée anglaise pour soutenir la révolte des Hollandais
protestants contre Philippe II. Cela suivait la mort, en 1584, de ses alliés le stathouder Guillaume Ier
d'Orange-Nassau et le duc François d'Anjou, ainsi que la reddition de plusieurs villes hollandaises au duc
Alexandre Farnèse, gouverneur espagnol des Pays-Bas méridionaux. En décembre 1584, la signature
d'une alliance entre Philippe II et la Ligue catholique française par le traité de Joinville menaçait
la capacité du frère du duc d'Anjou, le roi Henri III de France, à contrer la domination espagnole
dans les Pays-Bas.
Cela étendait également l'influence espagnole sur la côte sud de la Manche où la Ligue
catholique était puissante et exposait l'Angleterre à une possible invasion. La prise d'Anvers par
Farnèse à l'été 1585 après un siège d'un an, imposait une réaction
anglaise, et en août 1585, Élisabeth Ire signa le traité de Sans-Pareil par lequel elle promettait
de soutenir militairement les Hollandais. Le traité marqua le début de la guerre anglo-espagnole
qui se termina par le traité de Londres en 1604.
Même si elle était menée par son ancien soupirant, Robert Dudley, Élisabeth Ire ne lui
apporta pas un soutien très franc. Sa stratégie qui consistait à simplement soutenir les Hollandais
tout en menant des négociations secrètes avec l'Espagne, dès les jours qui suivraient l'arrivée
de Dudley en Hollande, était à l'opposé de celle de Dudley et des Hollandais qui voulaient
mener une campagne offensive. Il blessa profondément la reine en acceptant le poste de gouverneur-général
des mains des états généraux des Provinces-Unies. Élisabeth Ire considéra qu'il
s'agissait d'une ruse hollandaise pour l'obliger à accepter sa souveraineté sur les Pays-Bas, ce
qu'elle avait jusqu'alors toujours refusé. Elle envoya une lettre de désapprobation qui fut lue devant
le Conseil d'État en présence de Dudley. L'humiliation publique de son « lieutenant-général
» associée à ses négociations en vue d'une paix séparée avec l'Espagne
sapa profondément ses soutiens dans les Pays-Bas. La campagne militaire fut entravée par les refus
répétés d'Élisabeth d'envoyer les fonds promis pour soutenir ses troupes. Sa réticence
à s'engager, les mauvaises décisions militaires et politiques de Dudley, ainsi que le chaos politique
hollandais, entraînèrent l'échec de la campagne. Dudley démissionna de son commandement
en décembre 1587.
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