Tous droits résérvés © Vincent Hérelle + Philippe Bondurand, 2020 |
CLASH
! L'autre Jeu d'Histoire Armée 447c : Tibétains, sous protectorat Mongol (1247 à 1500)
Un recensement couvrant le Tibet central a lieu en 1268. Un service postal est instauré, permettant au gouvernement impérial à Pékin de recevoir des nouvelles en temps opportun et de transmettre rapidement ses ordres au Tibet : 24 relais sont créés depuis la frontière chinoise jusqu'à Sakya. Les Yuan instaurent également l'usage du calendrier et des lois qui prévalent dans l'ensemble des provinces chinoises. De retour dans son pays natal après près de 30 ans d'absence, Chögyal Phagpa s’efforce d’imposer effectivement le contrôle sakya. Chana Dorje est le premier gouverneur. Après sa mort prématurée en 1267, Chögyal Phagpa nomme Shakya Bzangpo. Néanmoins le pouvoir sakya est contesté, en particulier par les kagyü ; Karma Pakshi s'est en effet activé pour gagner les Mongols à la cause de sa lignée. Malgré la bienveillance de Möngke, Kubilaï resta pro-Sakya. Karma Pakshi obtint le soutien de son frère et rival Ariq Boqa, mais c'est Kubilaï qui devint Grand Khan, confirmant les sakya dans leur position. Mais Kagyu ne s'avoue pas vaincu. À la mort de Chana Dorje commencent les révoltes (1268-69, 1285-1290) de Drikung Kagyu, qui s'achèveront en 1290 par la destruction de leur monastère principal de Drikung Thil. La secte rebelle reçoit l'aide d'une petite garnison de troupes appartenant à Houlagou, qui possède un apanage dans la région où se trouve le siège de Drikung. Néanmoins les Ilkhanides ont d'ores et déjà fixé leur destin en Perse et Drikung ne peut guère attendre de renforts de leur part. Les sakya connaissent aussi des luttes internes qui compromettent l'efficacité de leur administration. Chögyal Phagpa, arrivé à 10 ans à la cour de Köden, aura passé moins d'une décennie de sa vie adulte au Tibet, et ses successeurs auprès des empereurs chinois seront maintenus principalement en Chine du fait de leurs fonctions. Les gouverneurs, résidant eux au Tibet, sont issus de sakya, mais ne coopèrent pas toujours avec le guoshi, comme le montre l'exemple de l'empoisonnement supposé de Chögyal Phagpa par le dpon chen Kunga Zangpo. En 1269, Chögyal Phagpa revient à Cambaluc auprès de Kubilaï et lui présente un projet d’écriture censée transcrire toutes les langues de l’empire chinois et remplacer les sinogrammes dans les documents administratifs. Il s’agit d’une commande impériale connue comme l’écriture ’phags-pa. Elle sera utilisée pendant 110 ans, et peut être retrouvée sur des objets de la dynastie Yuan qu’elle permet ainsi de dater. Kubilaï nomme alors Phagpa précepteur impérial dishi, la plus haute distinction chinoise pour les religieux et érudits, et confirme la régence des sakyas. Ils garderont le pouvoir jusqu’au milieu du XIVe siècle. Une cinquantaine d’années plus tard, une autre lignée kagyu issue de l’ermite Phagmo Drupa (1118-1170), ayant pour siège le monastère de Densatil à Nêdong et pour capitale Tsetang dans le district de Qonggyai, arrache le contrôle du Tibet central aux sakyapa. C'est le début de la période Phagmodrupa durant laquelle l'influence mongole s'efface tout en laissant des traces dans l’organisation administrative du pays. Les Ming qui succèdent aux Yuan en 1368 font des démarches pour maintenir avec les lamas importants des relations protecteur-conseiller religieux, mais avec moins de conviction et de succès que leurs prédécesseurs mongols. Le phagmodrupa Dragpa Gyaltsen (1385 – 1432), le 4e Karmapa et le gelugpa Tsongkhapa refusent les invitations à la cour de Chine, bien que les deux derniers y envoient respectivement un grand Lama et un disciple (Jamchen Choje). La puissance des phagmodrupa émerge à partir de 1352, alors que la dynastie Yuan perd de sa puissance. L'un des chefs régionaux, Changchub Gyaltsen (1302-1364), chef du clan Lang (Rlang) qui contrôle la lignée, se révolte contre l'hégémonie sakyapa. Après 6 années de guerre, Changchub Gyaltsen vainc les sakyapa. Entre 1354 et 1358 il obtient le pouvoir effectif sur le Tibet central. Il remplace les administrateurs sakyapa par des proches indépendants des Mongols, leur manifestant son indépendance. Il poste des troupes à la frontière chinoise, redistribuant les terres équitablement et diminuant les taxes. Revenant au système judiciaire tibétain créé par Songtsen Gampo, il institue des procès pour les suspects qui étaient exécutés sous les lois mongoles. Changchub Gyaltsen obtient un titre de Taisitu de Yuan Shundi et ses deux premiers successeurs seront titrés également, mais les Ming ne désignent pas un vice-roi du Tibet à la façon dont les Yuan avaient désigné les sakyapa. Ainsi, 10 ans avant la Chine, le Tibet était libéré de la domination mongole. Le pouvoir Phagmodrupa passera aux Rinpung en 1434, puis aux Tsangpa en 1566. Les chefs Lang, moines héritant en ligne collatérale jusque la seconde moitié du XVIe siècle, se donnent les titres de desi (régent monastique) pour les quatre premiers, puis de gongma (roi) ou lha btsun (roi divin).
Caractéristiques en Clash !
|