Liste Na-NZ : Maoris (1780-1881)
L’installation des Européens en
Nouvelle-Zélande est relativement récente. L’historien néo-zélandais Michael King (1945-2004)
décrit les Maoris comme étant « la dernière communauté humaine majeure de la
terre qui n’ait pas été touchée ni affectée par le vaste monde ».
En 1642, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales envoie Abel Tasman, qui aborde l'île du
sud de la Nouvelle-Zélande. Il repart aussitôt face à l'hostilité des autochtones. Les
premiers explorateurs européens y compris Abel Tasman et le capitaine James Cook (qui a visité la
Nouvelle-Zélande pour la première fois en 1769) ont rapporté leur rencontre avec les Maoris.
Ces premiers rapports décrivent les Maoris comme une race de guerriers féroces et fiers. Des conflits
inter-tribaux se produisent fréquemment à cette période, les vainqueurs réduisent en
esclavage les vaincus et parfois les dévorent.
Dès le début de l’année 1780, les Maoris ont eu des contacts avec les chasseurs de baleines
et de phoques. Certains se sont même fait embaucher sur des navires étrangers. Un flot continu de
prisonniers australiens en fuite et de déserteurs provenant des navires de passage expose également
la population des autochtones néo-zélandais aux influences extérieures. Des chefs tels que
Hongi Hika, qui sera présenté au roi George IV en 1820, invitent activement la venue de commerçants
européens, pour bénéficier de technologies, de savoirs et d'armes européennes, et les
instrumentaliser à leurs propres fins.
Pour l’année 1830, les estimations évaluent le nombre de Pakeha (Européens), vivant parmi
les Maoris, à près de 2 000. Le statut des nouveaux venus varie de celui d’esclave à celui
de conseiller haut placé, et de celui de prisonnier à celui d’Européen « maorisé
» qui a abandonné la culture européenne jusqu’à s’identifier comme maori. Ces Européens,
devenus des natifs, en sont venus à être connus sous le nom de « Pakeha Maoris ». Le chef
Pomare, en 1838, compte 132 mercenaires Pakeha parmi ses guerriers.
Durant cette période, l’acquisition de mousquets par les tribus en contact étroit avec les visiteurs
européens, à commencer par les Ngapuhi de Hongi Hika, déstabilise l’équilibre entre
les tribus maories. Il en résulte une période de guerres inter-tribales sanglantes, connue sous le
nom de « guerres des Mousquets », dont les conséquences sont une véritable extermination
de nombreuses tribus et la déportation d’autres hors de leur territoire traditionnel. Des épidémies
apportées par les Européens tuent également un nombre important, quoique indéterminé,
de Maoris durant cette période. Les estimations varient entre dix et cinquante pour cent de morts.
Avec l’augmentation de l’activité des missionnaires européens, l’intensification de la colonisation
dans les années 1830 ainsi que l’absence de lois pour réglementer la vie des nouveaux colons, la
couronne britannique, en tant que première puissance mondiale, commence à subir des pressions pour
intervenir et mettre de l’ordre dans la région.
Finalement, cette situation conduisit le Royaume-Uni à envoyer William Hobson avec l’ordre de prendre possession
de la Nouvelle-Zélande. Avant qu’il n’arrive, la reine Victoria annexa la Nouvelle-Zélande par le
biais d’une proclamation royale en janvier 1840. Lors de son arrivée en février, Hobson négocia
le traité de Waitangi avec les chefs du nord. De nombreux autres chefs maoris (bien qu’ils n’en comprissent
pas toujours toute la signification) ont par la suite signé ce traité. Il fit des Maoris des sujets
de la Couronne britannique en échange de la garantie de l’intégrité de leur droit de propriété
de leur terre et de la conservation de l’autonomie des tribus.
En dépit de quelques regrettables mais rares incidents, les deux parties ratifièrent ce traité
basé sur la collaboration avec enthousiasme. Les Maoris constituaient une bonne affaire, car ils fournissaient
de la nourriture et d’autres produits aux marchés locaux et étrangers. En réalité,
il est probable que le gouvernement britannique signa ce traité pour contrecarrer l'influence des Français
et des Américains dans la région. Il fait, encore de nos jours, l'objet de controverses et d'interprétations
diverses.
Dans les années 1860, des polémiques sur l’achat de terres controversées et la tentative des
Maoris de la région du Waikato d’établir une monarchie concurrente (Kingitanga) sur le modèle
britannique conduisit aux guerres maories. Bien qu’elles aient fait relativement peu de morts, le gouvernement
colonial confisqua de vastes parcelles de terre maories en représaille de ce qui fut considéré
comme une rébellion, et ce alors même que l’action militaire était une initiative de la couronne
britannique contre ses propres sujets. Dans certains cas ces confiscations arbitraires se sont faites sans chercher
à savoir si la tribu en question était réellement impliquée ou non dans la participation
à la guerre. En effet, certaines tribus ont lutté activement contre la couronne, mais d’autres (connues
sous le nom de kupapa) ont lutté pour soutenir le gouvernement britannique. Un mouvement de résistance
passive s’est développé dans la colonie de Parihaka dans la région du Taranaki, mais les troupes
britanniques ont dispersé les dissidents en 1881.
Avec la perte de la plupart de leurs terres, les Maoris sont entrés dans une période de déclin.
Et vers la fin du XIXe siècle, la plupart des gens pensaient que les populations maories cesseraient bientôt
d’exister en tant que race à part entière et qu’elles seraient rapidement assimilées par les
populations européennes. Apparemment, ils se sont trompés.
La période couverte par la liste commence avec l'installation de plus en plus importante de chasseurs de
phoques et de baleiniers européens. Elle suit donc la liste Maori "Renaissance" (cf
armées Maori 1500-1780). Elle s'achève avec la fin de la dernière révolte.
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