Livre 2 :
D'Alexandre le Grand aux grandes invasions | 93 listes |
Comment utiliser ces listes d'armées
Comment établir soi-même une liste d'armée
Les Goths sont un peuple germain originaire de l'Allemagne du nord actuelle, le long du cours inférieur de l'Oder et la côte de la Baltique. Ce n'était pas, et de loin, la plus grande des nations germaines. Mais les tribus germaines connaissaient un fort développement démographique si bien que les Goths, qui eux-mêmes se trouvaient déjà fort à l'étroit, furent poussés vers le sud et l'est par des nouveaux venus, saxons et lombards. Les Goths se retrouvèrent dans la seconde moitié du 2ème siècle sur les limites de l'Empire Romain, dans la Roumanie et la Moravie actuelles. Les Goths se partagèrent au 3ème siècle en trois tribus. Les Wisigoths Dès le début du 3ème siècle, les Wisigoths, qui occupaient la Moravie actuelle, se tournèrent vers les riches provinces des Balkans. En 251, il franchirent la frontière et défirent Dèce, le premier empereur romain à être tué par les barbares. Ils pillèrent allègrement les Balkans pendant 5 ans avant d'investir l'Anatolie. Une deuxième invasion en 268 fut écrasée par Gallien. C'est vers l'an 300 qu'ils se convertirent au christianisme aryen. L'invasion des Huns balaya les Wisigoths (375). Ceux-ci demandèrent la protection de Rome qui leur alloua des terres le long du Limes mais abusa de son autorité, si bien que les Wisigoths se révoltèrent en 378, alliés aux Alains et à d'autres Goths ou apparentés. L'armée, essentiellement de fantassins, envoyée par l'empereur d'Orient fut écrasée à ADRIANOPLE (ou HADRIANOPLE ou Andrinople) par la cavalerie goth. Les légions romaines ne furent plus jamais reconstituées sous leur forme traditionnelle. Incapables de prendre une ville fortifiée, les Wisigoths durent négocier et la paix fut signée en 382. En 396, à la suite d'une nouvelle révolte, ils obtinrent de nouvelles terres en Epire. En 402, les Wisigoths partirent à la conquête de l'empire d'Occident. Ils envahirent l'Italie mais durent battre en retraite devant l'armée "romaine" de STILICON le Vandale. Quand l'empereur fit assassiner STILICON en 408, le Wisigoth ALARIC envahit l'Italie et, en 410, prit Rome et la mit à sac. L'empereur, réfugié à Ravenne, employa alors les Wisigoths contre ses ennemis. En 412, ils renversèrent un usurpateur mis en place en Gaule par les Francs et les Alamans puis, de 414 à 416 nettoyèrent l'Espagne des Alains et des Vandales Silings. En 417, les romains leur concédèrent l'Aquitaine en toute propriété. En 451, les Wisigoths constituèrent le noyau de l'armée qui arrêta ATTILA aux Champs Catalauniques (Campus Mauriacus). En 470, ils étendirent leurs possessions jusqu'au Rhône et à la Loire puis ils conquirent toute l'Espagne (469 à 478) à l'exception du nord-ouest occupé par les Suèves et les Basques. La défaite de VOUILLE (507) contre les Francs leur fit perdre leurs possessions en Gaule à l'exception de la Septimanie (Languedoc actuel). De 550 à 554, l'empereur d'Orient, JUSTINIEN, intervint dans une guerre civile et se fit donner le sud de l'Espagne, mais les Wisigoths reprirent peu à peu le terrain perdu. En 584, ils prirent le royaume suève du Léon. De 560 à 650, les Wisigoths s'emparèrent de toutes les possessions byzantines en Espagne et prirent même pied au Maghreb. Mais en 696 les berbères du Maghreb furent convertis à l'Islam et une nouvelle menace se fit jour. C'est alors que le roi Wisigoth RODRIGUE (ou RODERIC) eut un grave différent de famille avec le comte JULIEN, Gouverneur de CEUTA et des possessions wisigothes en Afrique. Celui-ci se rallia aux musulmans et offrit de les conduire en Espagne. Au printemps 710, une reconnaissance menée par ABOU ZOHRA TARIF débarque en un lieu qui devint TARIFA, bat un corps de troupe commandé par SANCHE, parent de RODERIC, et pénètre dans Cadix, avant de rentrer au Maroc. En mai 711, les "Maures" commandés par TARIK IBN ZIAN EL NEFZAOUI (un berbère islamisé) débarquèrent près du mont CALPE, immédiatement rebaptisé "DJEBEL TARIK" (qui devint Gibraltar). Cette armée de 8000 berbères menés par les fils de la Kahéna et encadrés par 3000 arabes, est rapidement renforcée par 5000 autres berbères et les partisans du Comte JULIEN et secondée par les juifs du pays. Les deux armées se rencontrèrent le 3 août à XERES DE LA FRONTORERA sur les bords du GUADALETE. A la suite de la défection de l'aile gauche commandée par l'archevêque OPPAS, ce fut une défaite écrasante pour les Wisigoths. Le roi RODRIGUE fut tué. Après une deuxième bataille à ECIZA sur les bords du XENIL, toute l'Espagne fut envahie à l'exception des Asturies où un petit royaume subsista. Ce royaume des Asturies fut la base de la "Reconquista", mais nous sommes alors dans l'histoire de l'Espagne. Les Ostrogoths Les Ostrogoths, qui occupaient l'Ukraine du Sud, préféraient les riches plaines de la Russie du Sud aux collines des Balkans. Après avoir poussé à l'est au 3ème siècle, ils se répandirent vers le nord-est sous la direction d'ERMANARICH, jusqu'à la Baltique (Pologne et pays baltes actuels) et vers l'est au delà du Don, ainsi qu'en Crimée et au Kouban, en soumettant les slaves et les Alains qui y vivaient. Ils se convertirent au christianisme aryen, sans s'assagir pour autant. L'avancée régulière des Ostrogoths vers l'est provoqua en 372 une violente réaction des Huns des steppes de la Volga. L'armée d'ERMANARICH fut écrasée et son empire s'effondra. Le peuple Ostrogoth demanda la protection de Rome qui lui alloua des terres le long du Limes. Seule une fraction d'entre eux participa à ADRIANOPLE et ils composèrent la plus grande partie de l'armée de RADAGASTE de 401 à 406. Ils reformèrent leurs forces jusqu'en 405 où, alliés aux Quades et aux Vandales Silings, ils attaquèrent l'empire d'Occident et furent écrasés par STILICON. Les Ostrogoths furent conquis par ATTILA (433) et participèrent avec lui à la bataille des Champs Catalauniques. Après la défaite des Huns à la bataille de la NEDAO (454) ils retrouvèrent leur indépendance, sauf ceux qui étaient sur le territoire de l'Empire d'Orient. En Crimée subsistait une poignée d'Ostrogoths, témoin de la gloire évanouie d'ERMANARIC. En 476, l'Ostrogoth ODOACRE s'allia avec les autres "confédérés" d'Italie pour déposer le dernier empereur d'Occident et devenir roi d'Italie. L'empereur d'Orient poussa contre lui THÉODORIC, roi des Ostrogoths qui conquit l'Italie après une guerre très rude (481 - 493). En 507, il prit aux Burgondes la côte de Provence et vainquit les Francs. En 535, l'empereur d'Orient, JUSTINIEN, envahit la Sicile, puis l'Italie en 536. D'abord largement battus, les Ostrogoths se reprirent et BELISSAIRE dut à une armée de secours venue par voie de terre de les vaincre définitivement en 563. Ainsi disparurent les Ostrogoths d'Italie. Quand au petit royaume de Crimée, il subsista, entre les différentes invasions, jusqu'à sa conquête par l'Empire Byzantin en 1016. Les Saligoths Les Saligoths s'étaient installés au nord des ostrogoths. Ils s'épuisèrent en de vaines guerres civiles prenant le plus souvent l'allure de "lutte des classes" entre une population fidèle aux habitudes démocratiques germaines et une aristocratie attirée par le modèle oriental. Minés par ces différents, les Saligoths ne résisteront pas aux Huns qui dédaigneront de les incorporer dans leur armée. Ils ne seront donc pas à ADRIANOPLE ni aux Champs Catalauniques. A l'écroulement de l'empire d'ATTILA, les Saligoths retrouvent leur indépendance... et leurs disputes. Personne ne leur disputant leurs territoires, ils n'eurent pas besoin de partir vers l'ouest. Ils n'envahirent donc ni l'Italie ni l'Espagne, ni même la Crimée. Après l'invasion mongole, ils se seraient fondus dans l'ensemble des peuples cosaques que les russes appelaient "nos païens". Leurs descendants auraient composé une bonne partie des armées blanches d'Ukraine et ce serait à leur influence que celles-ci devraient le succès qu'elles ont remporté... Aucune trace écrite sur eux ni à Rome ni à Constantinople n'a subsisté et l'on doit les quelques éléments sur eux au très douteux IBN AL SHARMOUT qui prétend les avoir convertis à la foi du prophète durant sa, très controversée, chevauchée vers le nord. ABOU AL HAQIQA doute fortement de cette version dans son célèbre pamphlet "IBN AL SHARMOUT, prince des menteurs" édité à Bagdad en 812.
Au 4ème siècle, l'Empire Romain était trop vaste et trop épuisé pour être dirigé par un seul homme depuis Rome. Après la première Tétrarchie (2 Auguste et 2 César) et la réunification sous Julien l'Apostat, la séparation en deux zones devint un fait quand Valentinien désigna son frère Valens comme Auguste d'Orient. Après la défaite écrasante de l'armée d'Orient à Andrianople (ou Hadrianople, ou Andrinople) (9 août 378), où l'Empereur Valens fut tué par les Wisigoths, ceux-ci s'installèrent dans les Balkans. Cependant, l'Empire d'Orient conservait ses territoires sous la conduite de Théodose le Grand (340 - 397). En 397, à la mort de Théodose; les Goths d'Alaric se répandirent sur la Grèce mais furent vaincus par les Romains d'Occident menés par Stilichon. Celui-ci repoussa ensuite deux invasions de l'Italie par Alaric puis par Radagaise (406). Après l'exécution de Stilichon en 408, les Goths partirent en Italie pour aller piller Rome (410). Les seules augmentations de l'Empire à cette époque avaient été la Nubie et l'Abyssinie qui avaient été christianisés (et donc partiellement dépendants de l'Empire) au début du siècle. En 433, l'Empire d'Orient subit l'attaque des Huns d'ATTILA qui exigèrent un énorme tribut et occupèrent le territoire des "Fédérés" Ostrogoths (Macédoine). Mais, après la bataille de la NEDAO (454), les huns éclatèrent en multiples peuples, ce qui allégea le poids sur les frontière nord de l'Empire. En 480, le dernier morceau de l'Empire d'Occident disparut en Dalmatie. En 527, le nouvel Empereur d'Orient, Justinien, se lança à la reconquête de l'occident. Cette aventure, apparemment téméraire pour un si vieux pays, connut un succès surprenant. En 533, les Romains d'Orient conquirent le royaume vandale d'Afrique (Tunisie et est de l'Algérie actuelle). En 535, ils prirent la Sicile et envahirent l'Italie, définitivement conquise seulement en 563. En 554, ils prirent le sud de l'Espagne Wisigothique et les îles de la Méditerranée Occidentale. Au nord de l'Empire, il favorisa les Avars contre les Slaves, ce qui lui assura la tranquillité. En 590, le roi des Perses, Khosro II fut chassé par une guerre civile. L'Empereur Maurice lui fournit une armée et le remit sur son trône, ce qui rendit à l'Empire l'Arménie et l'Ibérie. Mais l'Empire dut céder aux Lombards au même moment le nord de l'Italie et les duchés de Spolète et Bénévent et aux Wisigoths la plus grande partie de l'Espagne. Le début du 7ème siècle fut pour l'Empire une suite de malheurs : l'armée décapita l'Empereur Maurice (602) et un soldat incompétent, Phocas, monta sur le trône; les Avars et les Slaves envahirent les Balkans et les Perses prirent la totalité de l'Asie, Egypte comprise. Mais l'Empereur Héraclius, monté sur le trône en 610 à la place de Phocas lynché par la foule, parvint à éviter de nouvelles pertes pendant les dix années suivantes, tout en pensant un moment transporter sa capitale à Carthage. Puis, en 623 et allié aux Khazars du Caucase, il attaqua directement le coeur de l'Empire Perse en passant par l'Ibérie. Comme les Avars ne purent prendre Constantinople en 626, Khosro II fut destitué et son successeur rendit tous les territoires capturés (629). Héraclius réorganisa alors complètement l'Empire, que l'on qualifie alors de "Byzantin" et qui fut complètement hellénisé. Mais arrivèrent les arabes musulmans. En 636, l'Empire perdit la Syrie, en 642, la Mésopotamie et la Tripolitaine puis, en 646, l'Egypte. En 640, les dernières possessions d'Espagne furent également perdues. Enfin, vers 650, l'Ibérie, l'Arménie et Chypre devinrent des états indépendants, tiraillés entre l'Empire, les arabes et les Khazars. En 696, les provinces d'Afrique furent perdues à leur tour, puis en 717 l'Ibérie et la Lazique (transcaucasie). Mais la grande attaque contre Constantinople lancée en 717 échoua lamentablement (nouvel empereur Léon III l'Isaurien) et les pertes furent limités à l'Anatolie orientale. La Bulgarie actuelle fut aussi prise par les Bulgares du Danube, comme Rome et Ravenne par les Lombards. Le siècle suivant vit peu de changements, en dehors de la perte de la Crète (823) et d'une partie de la Sicile (827). A la fin du siècle, les forces de l'Empire étaient surtout opposées aux Bulgares qui, peu à peu, conquéraient les Balkans. (La suite dans le Livre 3)
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